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TV Lumière - "Addio! Amore Mio" (Acid Cobra Records/Venus/CD1D, 2011), da www.benzinemag.net - 27 juillet 2011 - chronique
Avec son troisième album, TV Lumière n’en finit pas d’améliorer son post-rock à l’italienne pour ce qu’il convient d’appeler l’album de la maturité. Sous la férule de producteur Amaury Cambuzat (leader d’Ulan Bator et boss du label Acid Cobra Records), le quatuor emmené par les frères Persichini (plus Irene Antonelli à la basse et Yuri Rosi à la batterie) arrive à se distinguer un peu de la concurrence notamment par l’utilisation de la trop rare langue italienne dans le genre post-rock. Passé la première surprise, égale à celle de Migala avec la langue espagnole, on se dit que la voix grave de Federico dans un chanté parlé intimiste fait partie du charme étrange véhiculé par Adio Amore Mio. Derrière l’ambiance est froide mais cette petite touche latine est toujours présente associée ça et là à quelques sonorités Ennio Morriconienne – comme une autre trace diffuse d’italianité – (Transoceanica, scena muta). TV Lumière utilise le chant mais avec parcimonie. Parfois, la voix court sur tout un morceau comme un vrai groupe de rock qu’il est aussi (Ocae Fila). Mais plus généralement, le groupe aime jouer les prolongations et étirer sa musique sur de longs instrumentaux, nuançant le propos, se laissant glisser sur une longue vague sombre et mélancolique. Celle-ci peut prendre ampleur et véhémence (la Lettera) mais le groupe ne tombe jamais du côté noise de la force. TV Lumière est cold wave dans l’esprit, pas si éloigné de Cure, mais dans une transcription qui aurait rencontré entre temps l’indie rock de Calla, le post-rock de Godspeed You ! Black Emperor et autre musique plus abstraite. Pas de rupture de ton mais plutôt de lentes progressions particulièrement envoutantes (A.m.a.n.o.). Un peu à part sur le disque, Rosario commence à faire souffler le vent d’un rock de l’Ouest fait de pierre et de sable pour dériver vers un ambiant vaporeux, comme une sublimation des éléments. TV Lumière est ainsi : familier dans cette belle tristesse, aux bords du gouffre des musiques plus expérimentales (sans jamais y tomber) mais terriblement humain.
Par Denis Zorgniotti